QUELS SONT LES TRAITEMENTS POUR LA MALADIE D’ALZHEIMER ?
Quatre traitements médicamenteux symptomatiques
Il n’existe, à l’heure actuelle, aucun traitement capable de guérir la maladie d’Alzheimer ou de ralentir son évolution dans le cerveau. Néanmoins, quatre médicaments sont actuellement sur le marché :
- le Donépézil (Aricept)
- la Rivastigmine (Exelon)
- la Galantamine (Reminyl)
- la Mémantine (Ebixa)
Ces traitements ont pour but de traiter les symptômes cognitifs de la personne malade. Ils n’empêchent cependant pas la propagation de la maladie dans le cerveau mais restent efficaces d’un point de vue purement clinique.
Comment fonctionnent ces traitements ?
Le Donépézil (Aricept), la Rivastigmine (Exelon) et la Galantamine (Reminyl) sont des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase. L’acétylcholinestérase est l’enzyme qui dégrade le neurotransmetteur acétylcholine. Or, ce neurotransmetteur est très important pour le bon fonctionnement des neurones. En effet, la maladie d’Alzheimer engendre une perte continue d’acétylcholine, « comme du sable qui s’écoulerait d’un sablier ».
Ainsi, ces traitements, inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, empêchent la dégradation du neurotransmetteur. Ils permettent d’augmenter sa quantité au niveau du point de jonction entre deux neurones : la synapse.
Autrement dit, avec ces médicaments pris au plus tôt dans la maladie, on remet de l’acétylcholine en permanence pour venir combler le déficit. Malheureusement, ce dernier ne cesse de s’accroître et, à moment donné, les médicaments ne suffisent plus. La maladie d’Alzheimer continue sa progression.
La Mémantine (Ebixa) agit, quant à elle, de façon similaire sur le Glutamate. La Mémantine bloque les récepteurs NMDA. Elle protège ces récepteurs contre l’excitotoxicité qui se manifeste dans la maladie d’Alzheimer. L’excitotoxicité est le processus pathologique de neurotoxicité et de destruction du neurone par hyperactivation du neurotransmetteur glutamate qui excite le récepteur NMDA.
Un effet positif avéré de ces traitements symptomatiques
Tout au long du traitement, ces médicaments ont une réelle efficacité sur la mémoire, même si l’étendue de cette efficacité varie largement d’un patient à l’autre. Un effet avéré de ces quatre médicaments* a été scientifiquement démontré sur la cognition à court terme.
Il a été prouvé que lorsque le traitement est arrêté, les patients rejoignent ceux qui n’ont jamais été traités. Cela signifie que ces traitements ont un effet purement symptomatique.
L’apparition d’effets indésirables peut, néanmoins, parfois nécessiter l’arrêt du traitement : troubles digestifs, cardiovasculaires, fatigue, insomnie… La Haute Autorité de Santé s’est malheureusement prononcée contre la poursuite d’une prise en charge de ces médicaments. Le remboursement de ces 4 médicaments n’est ainsi plus pris en charge pour les malades.
Par ailleurs, les patients peuvent recevoir des médicaments qui ont un effet sur les manifestations de certains troubles psycho-comportementaux provoqués par la maladie comme le stress, l’anxiété, l’agressivité, la dépression, l’incontinence…
On peut prescrire, par exemple, des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Mais ces traitements sont administrés en fonction des patients, au cas par cas. En effet, les psychotropes sont susceptibles d’aggraver les troubles cognitifs.
*Source : Howard R, et al. « Nursing home placement in the Donepezil and Memantine in Moderate to Severe Alzheimer’s Disease (DOMINO-AD) trial: secondary and post-hoc analyses ». Lancet Neurol. 2015 Dec;14(12):1171-81.
Les thérapies non médicamenteuses pour améliorer les conditions de vie
Il est important de ne pas se limiter à une prescription uniquement médicamenteuse. Il existe des prises en charge non pharmacologiques destinées à stimuler les capacités cognitives et motrices du malade.
Les thérapies non médicamenteuses permettent également de réduire la fréquence et l’intensité des troubles psycho-comportementaux. Elles vont permettre d’éviter ainsi le recours à la prise de psychotropes. En effet, il est nécessaire de proposer aux malades des solutions alternatives à la prise encore trop importante de neuroleptiques en institution.
Précieuses dans l’amélioration des conditions de vie, ces approches non médicamenteuses sont :
- l’orthophonie : dans le but de préserver le langage de la personne malade ;
- la stimulation cognitive : pour maintenir ses capacités cognitives le plus longtemps possible ;
- la prise en charge psychologique : pour une meilleure stabilité psychique du patient ;
- la kinésithérapie, l’ostéopathie, l’ergothérapie et la psychomotricité : afin de préserver l’activité motrice et l’autonomie de la personne malade ;
- la musicothérapie, l’aromathérapie, la stimulation multisensorielle, la zoothérapie, les massages, la luminothérapie : elles viennent agir sur certains aspects du comportement.
Tout le personnel soignant en contact avec les malades s’accorde à dire qu’il existe un réel effet bénéfique, bien qu’il existe peu de preuves scientifiques. En effet, seuls des essais cliniques randomisés et contrôlés peuvent normalement prouver une réelle efficacité.
La prise en charge individuelle personnalisée
On sait maintenant qu’il existe un concept particulièrement adapté pour stimuler les capacités du malade et traiter les troubles du comportement. Il s’agit en effet de la prise en charge individuelle personnalisée.
Cette thérapie résulte de l’analyse des troubles du comportement du patient, de sa personnalité, ses goûts et ses affinités, et de ses capacités restantes.
Il a ainsi été démontré que la prise en charge personnalisée menée par des professionnels permet :
- d’atténuer le fardeau de l’aidant,
- de ralentir la perte d’autonomie du malade et
- de différer l’entrée en institution.
*Source : Amieva H, et al. Group and individual cognitive therapies in Alzheimer‘s disease: the ETNA3 randomized trial. Int Psychogeriatr. 2016 May;28(5):707-17. https://doi.org/10.1017/S1041610215001830