Combattre l’inflammation du cerveau et réparer l’ADN des neurones pour améliorer la mémoire
Le Dr Suberbielle obtient une subvention Vaincre Alzheimer de 100.000 €
RÉSUMÉ DU PROJET DE RECHERCHE DU DR SUBERBIELLE
Récemment, l’équipe du Dr. Suberbielle a découvert que dans la maladie d’Alzheimer, des cassures de l’ADN s’accumulent de façon anormale dans les neurones. Cette accumulation est due à un défaut de protéines réparatrices de l’ADN. Cela entraine un déclin de la mémoire.
Ces défauts de réparation de l’ADN seraient directement liés à l’inflammation du cerveau qui est très délétère pour les neurones.
Le projet du Dr. Suberbielle financé par la Fondation Vaincre Alzheimer va permettre de démêler les mécanismes impliqués et d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour combattre l’inflammation. Cela pourra réactiver les protéines réparatrices de l’ADN et améliorer la mémoire.
L’inflammation du cerveau étant observée au cours de plusieurs maladies neurologiques (sclérose en plaque, sclérose latérale amyotrophique, encéphalites, méningites…), les résultats du Dr. Suberbielle pourraient permettre de définir de nouvelles stratégies thérapeutiques applicables à ces nombreuses maladies.
« Le soutien de la Fondation Vaincre Alzheimer et de ses donateurs signifie beaucoup pour moi. Je suis profondément honorée de recevoir ce soutien et tiens à vous remercier chaleureusement pour la confiance que vous faites le privilège de m’accorder. »
Dr Elsa Suberbielle
Laboratoire :
INSERM – Centre de Physiopathologie de Toulouse-Purpan
Type de subvention :
Allocation Doctorale
Montant de la subvention :
100.000 €
Dates du projet :
Janvier 2019 au 31 décembre 2021 (3 ans)
L’interview du Dr Suberbielle
Fondation Vaincre Alzheimer : Avez-vous un lien personnel avec la maladie d’Alzheimer ?
Dr Suberbielle : « Nous avons tous un lien personnel avec la maladie d’Alzheimer. Dans mon cas, il est apparu il y a seulement quelques mois lors d’une campagne contre la maladie qui citait mon nom. En effet, peu après, j’ai reçu un message de soutien d’une personne qui s’est avérée être une cousine au second degré. Elle avait suivi cette campagne et m’avait retrouvé ce qui a permis de renouer un lien familial perdu. Hélas, c’est une personne chère à son cœur qui est touchée par la maladie. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi avez-vous choisi d’axer vos recherches sur cette maladie neuro-évolutive ?
Dr Suberbielle : « J’ai toujours souhaité trouver des moyens de diagnostiquer et traiter les maladies qui affectent le cerveau. En effet, la mémoire, l’interaction sociale font de nous des humains. C’est donc terrible de voir une maladie qui nous affecte autant. Nous connaissons finalement si peu de chose sur le cerveau. À la suite d’un rendez-vous avec Lennart Mucke à San Francisco et toutes mes questions sans réponse face à la maladie d’Alzheimer, j’ai décidé d’en comprendre les mécanismes. Face au poids qu’exerce cette maladie sur notre société nous devons essayer de lutter contre elle. »
Fondation Vaincre Alzheimer : En quoi votre projet est-il prometteur dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ?
Dr Suberbielle : « Le projet que je propose est prometteur dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer car il explore une nouvelle piste mécanistique distincte des pistes thérapeutiques actuelles. En effet, au cours de mon travail postdoctoral, j’ai montré qu’une stimulation physiologique de l’activité neuronale entraine des cassures double-brin de l’ADN neuronal. En temps normal, ces cassures sont rapidement et efficacement réparées dans le cerveau sain. Toutefois, dans la maladie d’Alzheimer, la présence de formes toxiques de l’amyloïde b conduit à une accumulation anormale des cassures, et à un délai dans la réparation des cassures induites par l’activité neuronale.
Par ailleurs, j’ai aussi découvert que c’était l’activité épileptiforme causée par l’amyloïde b qui avait pour conséquence, la perte du facteur de réparation de l’ADN BRCA1 dans les neurones. Or, j’ai montré que la réduction expérimentale des niveaux de BRCA1 dans les neurones du cerveau de modèles expérimentaux conduisait à des troubles cognitifs. Mes données ont donc démontré le rôle fondamental que joue BRCA1 dans le fonctionnement des neurones. Par conséquent, mes observations ont mis en lumière des mécanismes épigénétiques nouveaux. Ces derniers utilisent la réponse aux cassures de l’ADN contribuant aux processus d’apprentissage et de mémoire.
Enfin, mon programme de recherche actuel vise à cerner précisément les mécanismes à l’origine de la perte de BRCA1. Le but est donc de pouvoir les contrecarrer, et renforcer la réparation de l’ADN. L’objectif final est de mettre fin au déclin cognitif lié à la maladie. En effet, si nous pouvions renforcer les capacités réparatrices des neurones, nous pourrions les rendre plus résistants aux attaques qu’ils subissent au cours de la maladie. Nous pourrions ainsi améliorer les fonctions cognitives. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Comment une subvention privée, comme celle octroyée par Vaincre Alzheimer, permet à votre projet d’avancer ?
Dr Suberbielle : « Le soutien de la fondation est essentielle parce qu’il n’existe pas d’autres financements de thèse centrés sur les thématiques de recherche autour de la maladie d’Alzheimer. Cette aide est donc primordiale pour comprendre cette maladie et découvrir les cibles thérapeutiques de demain. Cette aide est aussi essentielle pour former la génération de chercheurs de demain, car les bourses de thèses gouvernementales ne sont pas assez nombreuses. »