Concevoir des molécules multi-cibles pour traiter les symptômes et contrer la progression de la maladie d’Alzheimer
Le Dr Claeysen obtient une subvention Vaincre Alzheimer de 100 000 €
RÉSUMÉ DU PROJET DE RECHERCHE DU DR CLAEYSEN
Ces dernières années de nombreux candidats-médicaments contre la maladie d’Alzheimer ont échoué dans les dernières phases des essais cliniques. La maladie étant complexe et multifactorielle, une des causes de ces échecs pourrait résider dans l’extrême spécificité des médicaments testés qui ne touchaient qu’une seule composante de la pathologie. Ainsi, il semblerait que viser une seule des causes de la maladie n’est pas suffisant.
En collaboration avec le groupe de chimistes dirigé par Patrick Dallemagne à Caen, nous cherchons à obtenir des molécules qui agiraient sur plusieurs composantes de la maladie d’Alzheimer. Nous pensons qu’une intervention multi-cibles serait plus efficace dans le cadre de la maladie d’Alzheimer (pensez au Sida et à l’efficacité de la tri-thérapie!). Nous voulons donc associer dans une seule molécule des effets qui protègeraient la mémoire et des effets qui ralentiraient la progression de la maladie d’Alzheimer.
« Je tiens tout particulièrement à remercier les donateurs de la Fondation Vaincre Alzheimer qui permettent une recherche innovante, originale et réactive et soutiennent les idées des chercheurs confirmés comme des plus jeunes. »
Dr Sylvie Claeysen
Laboratoire :
IGF, CNRS Université Montpellier – Montpellier
Type de subvention :
Allocation Doctorale
Montant de la subvention :
100.000 €
Dates du projet :
1er janvier 2016 au 31 décembre 2018 (3 ans)
L’interview du Dr Claeysen
Fondation Vaincre Alzheimer : Avez-vous un lien personnel avec la maladie d’Alzheimer ?
Dr Claeysen : « Oui. Ma grand-mère paternelle est atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis de nombreuses années. Il y a dix ans, mon grand-père a vendu sa maison pour s’installer avec elle dans une maison médicalisée car il ne se sentait plus de taille à la protéger au quotidien. Il est décédé quelques années plus tard. Mamie vit encore aux Valbères mais ne nous reconnaît plus. Elle a une relation particulière avec mon père, qui la visite chaque semaine. Parfois, elle a des moments d’éveils magiques et surprenants, en voyant un de ses arrières-petits enfants qui lui rappelle un enfant du passé. C’est également le cas ma sœur. Elle a été aide soignante et elle est capable de la stimuler comme personne. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi avez-vous choisi d’axer vos recherches sur cette maladie neuro-évolutive ?
Dr Claeysen : « Je suis spécialiste d’un récepteur de la sérotonine : le récepteur numéro 4. En effet, je travaille sur ce récepteur depuis le début de ma thèse en 1995. Je l’ai ainsi cloné, caractérisé, c’est un peu mon bébé ! En 2003, un groupe de chercheurs français a montré que si on active ce récepteur on induit une coupure alternative et neuroprotectrice de l’APP. On empêche ainsi la production du peptide b-amyloïde qui est le constituant majeur des plaques amyloïdes. En cherchant à expliquer le mécanisme par lequel mon récepteur produit cette action, j’ai réalisé et démontré que des molécules agissant sur ce récepteur pouvaient être particulièrement intéressantes pour ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer. »
Fondation Vaincre Alzheimer : En quoi votre projet est-il prometteur dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ?
Dr Claeysen : « En collaboration avec le groupe de chimistes dirigé par Patrick Dallemagne à Caen, nous cherchons à obtenir des molécules qui agiraient sur plusieurs composantes de la maladie d’Alzheimer. En effet, cette pathologie est complexe et liée au dérèglement de multiples facteurs. Nous pensons donc que viser une seule des causes de la maladie n’est pas suffisant. Une intervention multi-cibles semblerait plus efficace dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. Nous voulons donc associer dans une seule molécule des effets qui protègeraient la mémoire et des effets qui ralentiraient la progression de la pathologie. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi une subvention privée, comme celle accordée par Vaincre Alzheimer, est importante ?
Dr Claeysen : « Il est très difficile lorsque vous avez un projet innovant qui démarre, d’avoir du soutien des grands guichets comme l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR). En effet, cette institution ne finance qu’une élite. Elle est donc très frileuse tant que vous n’avez pas démontré votre potentiel. En 2012, Vaincre Alzheimer nous a permis de mener notre projet, qui s’est traduit par la génération du donécopride, une molécule à 2 effets que nous accompagnons à présent vers les essais cliniques. Vaincre Alzheimer nous accorde encore son soutien dans ce nouveau projet visant à associer 3 activités dans une molécule : notre tri-thérapie à nous contre la maladie d’Alzheimer! Tandis que les grands guichets sont septiques et nous disent « qu’est ce que cela apportera de plus? »… »