Diagnostic formel et avancées de la recherche grâce au don de cerveau
Le don de cerveau : de quoi s’agit-il ?
Le don de cerveau consiste à prélever le cerveau après la mort, qu’il provienne de personnes atteintes de maladies neurocognitives ou non.
En France, c’est la biobanque Neuro-CEB, banque tissulaire nationale déclarée au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui collecte et rassemble dans les meilleures conditions les échantillons de cerveaux. L’objectif est de favoriser la recherche thérapeutique sur les maladies neurodégénératives.
Le don du cerveau permet une meilleure compréhension des mécanismes biologique menant au développement des maladies neurocognitives
Aujourd’hui, les causes de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées sont encore mal connues. Le don de cerveau peut aider les chercheurs à identifier ces causes. En les déterminant, les chercheurs pourront découvrir de nouvelles molécules et ainsi permettre l’élaboration de nouveaux traitements.
Connaître les causes exactes des maladies neurocognitives, c’est espérer trouver, un jour, des médicaments permettant de les vaincre. Le don du cerveau et son soutien sont donc indispensables à la recherche.
Il permet la confrontation des hypothèses scientifiques à la réalité de la maladie humaine
Ces dernières années, la recherche a fait de grands progrès dans la compréhension du fonctionnement du cerveau, sain et malade. Pourtant, les progrès n’ont pas encore eu tous les bénéfices thérapeutiques espérés. La recherche de traitements, difficile et coûteuse, réclame des modèles expérimentaux sur lesquels ils puissent être testés. Mais ces modèles, bien que précis, ne peuvent pas refléter entièrement la réalité de la maladie humaine.
La recherche biologique aboutit donc à de simples hypothèses sur la façon dont se déroule la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées. Ces hypothèses scientifiques doivent donc être confrontées à la réalité de la maladie humaine.
Il permet la recherche de biomarqueurs, étape essentielle au développement de nouveaux médicaments
Les marqueurs biologiques, ou biomarqueurs, sont les traces des modifications biologiques provoquées par une maladie. Dans le cas des maladies neurocognitives, ils permettent d’en révéler la présence avant même l’apparition des premiers symptômes.
L’identification de ces biomarqueurs dans la phase pré-symptomatique permettra donc d’initier très tôt des traitements. Ces biomarqueurs peuvent également ouvrir la voie à la mise au point de traitements ciblés. Ils seraient ainsi capables d’agir contre les anomalies biologiques à l’origine même de ces maladies.
Les avancées de la recherche grâce au don du cerveau
Les recherches scientifiques entreprises à partir des échantillons de cerveaux humains visent à améliorer la compréhension des mécanismes de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées et leur diagnostic. Ci-dessous, découvrez les plus importantes avancées de ces dernières années grâce au don de cerveau.
Amélioration de certains critères de diagnostic post-mortem
En 1997, les neuropathologistes américains et européens se réunissent ensemble pour améliorer les critères « NIA-Reagan » du diagnostic post-mortem de la maladie d’Alzheimer. Le diagnostic post-mortem reste la référence pour valider et affiner un diagnostic de maladie d’Alzheimer et maladies apparentées.
Accumulation de la protéine A-beta dans le cerveau de personnes non malades
En 1998, en analysant le cerveau de personnes non malades, les chercheurs montrent qu’avec l’âge, la plupart des gens accumulent eux-aussi la protéine A-beta dans leur cerveau. Mais cette accumulation est moins importante que chez les malades d’Alzheimer. Les chercheurs montrent ainsi que l’accumulation protéine toxique existe chez tout le monde.
Observation de dégénérescences neurofibrillaire dans le cerveau de personnes non malades
En 2014, des scientifiques observent, dans des cerveaux post-mortem de personnes non malades, la présence des dégénérescences neurofibrillaires. Elles sont indiscernables de celles de la maladie d’Alzheimer, mais il y a bien une absence de dépôts amyloïdes. Cette pathologie PART (tauopathie primaire liée à l’âge) est encore débattue dans la communauté scientifique. En effet, elle pourrait simplement correspondre aux stades précoces de la maladie d’Alzheimer. À l’heure actuelle, rien ne prouve que la PART et la maladie d’Alzheimer résultent de deux processus complètement différents.
Activation inappropriée du système immunitaire cérébral dans le cerveau des malades
En 2016, les scientifiques ont montré que le système immunitaire cérébral est activé de manière inappropriée dans le cerveau des malades d’Alzheimer. Les cellules microgliales, acteurs du système immunitaire dans le cerveau, élaguent les « jeunes » synapses en développement au stade précoce de la maladie. Cela entraîne la perte des synapses dans la maladie d’Alzheimer qui permettent la connexion entre les neurones.
Activation inappropriée du système immunitaire cérébral dans le cerveau des malades
En 2017, le Dr Lafaye et son équipe ont développé des anticorps innovants capables de passer facilement la barrière hémato-encéphalique. Il s’agit de la barrière sang-cerveau. Ces anticorps vont se fixer sur les 2 lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer.
Grâce à des coupes de cerveaux post-mortem provenant de malades d’Alzheimer et de personnes non malades, le Dr. Lafaye a pu vérifier que ces anticorps reconnaissaient bien spécifiquement les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Après validation de ces outils innovants, le Dr. Lafaye souhaite désormais les coupler avec un agent de contraste pour les rendre visibles à l’IRM. L’IRM est un examen classique et très courant en milieu hospitalier. Il sera alors possible d’appliquer facilement ces futurs outils de diagnostic à tous les patients.
À l’avenir, les thérapies contre la maladie d’Alzheimer devront être administrées au plus tôt. Il est donc essentiel de mettre en place des méthodes de diagnostic précoce de la maladie qui pourront être applicables au plus grand nombre de personnes malades.
Plus récemment, le Dr Charles Duyckaerts et son équipe ont testé une nouvelle hypothèse. En effet, selon eux, ce ne serait pas directement la protéine A-bêta qui serait toxique dans la maladie d’Alzheimer, mais des lipides associés.
Grâce à la technique du micro-dissecteur, il a été récupéré des milliers de dépôts amyloïdes à partir de cerveaux post-mortem de malades d’Alzheimer. Puis leur composition en cholestérol a été analysée. Il a été découvert qu’il y avait deux fois plus de cholestérol dans les dépôts amyloïdes que dans le tissu cérébral avoisinant. De manière surprenante, dans les dépôts amyloïdes, il y a le même nombre de molécules de cholestérol et de molécules de protéine A-bêta. Ces résultats suggèrent donc une interaction entre elles.
Comment donner son cerveau ?
La biobanque Neuro-CEB est financée par la Fondation Vaincre Alzheimer. Elle pratique le prélèvement du cerveau uniquement si elle dispose d’un accord écrit du patient ou de sa personne de confiance témoignant de sa volonté.
Le don de cerveau nécessite donc un consentement spécifique pour un prélèvement après la mort (post-mortem). En effet, le don de cerveau est différent du don d’organes et du don du corps à la science.
Le corps donné à la faculté est destiné à l’enseignement de l’anatomie aux étudiants en médecine. Pour des raisons pratiques, le don du corps à la faculté ne permet donc pas le don du cerveau. Le corps n’est pas rendu à la famille. Parfois une participation financière est demandée aux familles.
Par ailleurs, chaque personne est considérée comme donneuse d’organes par la loi. Mais cela n’inclut pas le don de votre cerveau. Ainsi, si vous souhaitez faire don de votre cerveau pour la recherche, il faudra effectuer des démarches spécifiques auprès de la biobanque Neuro-CEB. Donner son cerveau pour la recherche et le financer, c’est contribuer à percer son mystère et participer aux avancées de la recherche médicale.