Influence du facteur de risque APOE4 sur l’interaction neurone-glie dans la maladie à corps de Lewy. Un projet de Iris Grgurina
La doctorante Iris Grgurina obtient une subvention Vaincre Alzheimer de 20 468,82 €
RÉSUMÉ DU PROJET DE RECHERCHE DE IRIS GRGURINA
La maladie à corps de Lewy (MCL) et la maladie d’Alzheimer partagent le principal facteur de risque, l’allèle APOe4 du gène de l’apolipoprotéine. En effet, dans le cerveau, APOE est principalement produite par des cellules différentes des neurones : les cellules gliales. Une de leur fonction dépendante de APOE est de fournir de l’énergie aux neurones. Dans notre étude, nous utilisons donc de nouvelles approches dans des modèles expérimentaux pour évaluer les régulations de chacun de ces deux types cellulaires (les neurones et les cellules gliales). Notre projet a pour objectif de découvrir le mécanisme d’action de l’APOE4 qui aggrave la pathologie.
» Je tiens à remercier chaleureusement tous les donateurs de la Fondation Vaincre l’Alzheimer. En effet, votre générosité aide les jeunes chercheurs comme moi à faire aboutir leurs travaux pour, nous l’espérons, arriver à vaincre Alzheimer et les maladies neurocognitives. Grâce à vous, des doctorants et chercheurs comme moi peuvent poursuivre leurs recherches. De cette manière nous contribuons à la lutte contre la maladie d’Alzheimer, où chaque « mètre » gagné compte. »
Iris Grgurina
Laboratoire :
Université de Strasbourg – Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives – Strasbourg
Type de subvention :
Subvention de Fin de thèse
Montant de la subvention :
20 468 ,82 €
L’interview de Iris Grgurina
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi avez-vous choisi d’axer vos recherches cette maladie neuro-évolutive ?
Iris Grgurina : « Bien que la maladie à Corps de Lewy (MCL) soit la deuxième maladie neurocognitive la plus courante après Alzheimer, elle est encore sous-représentée dans la recherche. En effet, dans la plupart des cas, elle reste mal diagnostiquée en raison de la similitude des symptômes avec ceux d’Alzheimer et de Parkinson. L’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de consacrer ma thèse à la MCL était donc d’aider à comprendre les mécanismes pathologiques sous-jacents de cette maladie. Je souhaite comprendre se qui se passe dans le cerveau des personnes touchées et qui pour l’instant reste largement inconnu. Enfin, la découverte de ces mécanismes permettrait d’établir un diagnostic correct et précoce des patients atteints de MCL. C’est d’une importance cruciale pour une prise en charge spécialisée. »
Fondation Vaincre Alzheimer : En quoi votre projet est-il prometteur ?
Iris Grgurina : « Bien que l’APOE4 soit le facteur de risque génétique le plus important pour la maladie d’Alzheimer et la MCL, ses mécanismes d’action restent encore inconnus. En effet, dans le cerveau, la principale fonction de l’APOE est de maintenir l’homéostasie lipidique. Les neurones dépendent de cette dernière pour fonctionner correctement. Dans mon étude, nous avons montré que les cellules gliales (les astrocytes) qui produisent de l’APOE4, ne sont pas en mesure de soutenir cette production de lipides dans l’hippocampe. Pour rappel, l’hippocampe est une structure clé pour l’apprentissage et la mémoire. Ceci impacte fortement le métabolisme des neurones de l’hippocampe. Nos résultats montrent aussi que la présence de l’APOE4 altère les performances cognitives dans un modèle expérimentale présentant des Corps de Lewy. Cela corrobore donc le lien entre l’altération des mécanismes moléculaires observés et le comportement. L’importance de cette étude réside ainsi dans la découverte du rôle de l’APOE4 en tant que facteur de risque de la maladie d’Alzheimer et de la MCL. Ainsi, en découvrant des voies altérées par sa présence (comme la synthèse du cholestérol cérébral) on pourra trouver nouvelles cibles potentielles pour le traitement de la maladie. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Comment notre subvention va-t-elle vous aider ?
Iris Grgurina : « Cette subvention m’aidera à finaliser mon projet de thèse. En d’autres termes elle va m’aider à déchiffrer comment l’APOE4 affecte les mécanismes cérébraux de façon cellule-spécifiques en présence de la pathologique liées à l’alpha- synucléine, comme c’est le cas chez les patients atteints de la MCL. Nos résultats révèlent que l’APOe4 perturbe la synthèse du cholestérol dans les astrocytes, même dans des conditions homéostatiques. C’est d’une importance cruciale pour le fonctionnement des neurones. Donc maintenant nous concentrons nos recherches sur la découverte des voies génomiques qui sont déréglées dans les neurones en réponse à ce manque de soutien lipidique. La validation de ces voies spécifiques pourrait aider à définir de nouvelles cibles thérapeutiques pour le MCL. Cela permettrait aussi de trouver de nouveaux biomarqueurs de cette pathologie pour un meilleur diagnostic. »