Identifier le rôle de la neuro-inflammation humaine spécifique au gène ApoE4, le facteur de prédisposition génétique le plus important de la maladie d’Alzheimer
Le Dr Nivet obtient une subvention Vaincre Alzheimer de 100 000 €
RÉSUMÉ DU PROJET DE RECHERCHE DU DR NIVET
Le projet du Dr. Nivet cherche à évaluer si les individus porteurs du facteur de prédisposition génétique majeur de la maladie d’Alzheimer (APOE4) sont plus susceptibles de développer la maladie en raison d’anomalie(s) de leur système de défense cérébrale. Il va chercher à étudier les réponses inflammatoires des cellules gliales (les cellules de défense immunitaire de notre cerveau) en fonction de leur statut génétique, à identifier des mécanismes anormaux sous l’effet de l’APOE4 et évaluer des moyens pour les contrôler. Ainsi, les cellules gliales pourraient, à terme, devenir des cibles privilégiées pour contrôler l’inflammation cérébrale et prévenir ou retarder l’apparition de la maladie chez certains individus identifiés comme « à risque » pour des raisons génétiques.
« L’ensemble de mon équipe de recherche souhaite remercier chaleureusement les donateurs de la Fondation Vaincre Alzheimer. En effet, au travers de leur générosité, ils soutiennent et maintiennent l’effort collectif qui est le notre pour faire des avancées majeures dans notre lutte contre la maladie et les maladies neuro-évolutives. »
Dr Emmanuel Nivet
Laboratoire :
Institut de NeuroPhysiopathologie, Aix Marseille Université, Marseille
Type de subvention :
Subvention Standard
Montant de la subvention :
100.000 €
Dates du projet :
1er janvier 2020 au 31 décembre 2021 (2 ans)
L’interview du Dr Nivet
Fondation Vaincre Alzheimer : Avez-vous un lien personnel avec la maladie d’Alzheimer ?
Dr Nivet : « Je n’ai, à ce jour, aucun lien personnel familial avec la maladie d’Alzheimer. Néanmoins, il est difficile d’échapper au fait que des membres de notre entourage soient eux plus directement impactés. J’ai donc évidemment des amis/collègues qui sont confrontés à la difficulté d’avoir un (ou plusieurs) de leur(s) proche(s) atteint(s) de la maladie d’Alzheimer. L’absence de lien personnel « direct » avec la maladie d’Alzheimer ne m’empêche cependant pas de me rendre compte de ce que représente cette maladie pour la vie des malades et des aidants. Grâce à mon activité de chercheur, notamment, je rencontre et je discute avec des professionnels de santé spécialisés mais aussi des personnes impliquées au quotidien (membres de Fondations par exemple) qui sont des acteurs passionnés et passionnants. Ils sont en effet capables de nous ouvrir les yeux sur cette maladie et ses implications à différents niveaux. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi avez-vous choisi d’axer vos recherches sur cette maladie neurodégénérative ?
Dr Nivet : « Au début de ma carrière scientifique, il y a 15 ans, je me suis intéressé aux processus d’apprentissage et de mémorisation. Apprendre et retenir une information simple nous paraît à tous naturel au quotidien. Mais comprendre et agir sur les mécanismes cérébraux mis en jeux était pour moi stimulant scientifiquement. En effet, travailler sur une maladie capable d’effacer en quelques années les souvenirs que l’on a mis une vie à se construire est fascinant.
Par ailleurs, la maladie d’Alzheimer demeure une maladie pour laquelle nous avons encore beaucoup à apprendre pour mieux la comprendre. L’absence de solutions thérapeutiques fortes et efficaces en sont la preuve, malgré d’intenses efforts de recherche et des essais cliniques multiples. La maladie d’Alzheimer est donc une maladie de défis pour la recherche. Or, je pense que mon équipe de recherche possède une vision suffisamment innovante pour aborder la maladie différemment. Notre but est ainsi de chercher à améliorer nos connaissances pour, in fine, aider à mieux la combattre.
Enfin, il m’est difficile de faire abstraction du nombre de malades atteints de cette maladie. Les projections croissantes du nombre de malades à mesure que la population vieillie sont également inquiétantes. Or, j’ai toujours cette impression que le volume des équipes de recherche est faible compte tenu de l’enjeu de santé publique majeur que représente Alzheimer.
Ainsi, en créant mon équipe de recherche, j’avais en tête l’idée de pouvoir participer, à ma façon, à l’effort collectif de la recherche sur Alzheimer. En outre, je souhaitais établir des liens forts avec d’autres groupes via des collaborations de recherche. En effet, je suis convaincu que c’est à plusieurs et ensemble que nous pourrons faire des différences dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer. »
Fondation Vaincre Alzheimer : En quoi votre projet est-il prometteur dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ?
Dr Nivet : « Notre projet de recherche est prometteur car nous proposons d’étudier la maladie d’Alzheimer sur des cellules cérébrales humaines. En effet, mon équipe de recherche maitrise des technologies innovantes permettant de travailler sur des modèles de recherche alternatifs. Ainsi, les découvertes qui seront faites auront une relevance directe avec la physiologie humaine. De plus, elles permettront peut-être d’accélérer les applications liées à nos découvertes vers la clinique.
Dans ce cadre, notre projet s’appuie lui même sur des résultats préliminaires prometteurs. Ces derniers ont en effet mis en avant des perturbations des réponses inflammatoires cérébrales sous l’effet d’un facteur de risque génétique bien connu de la maladie et qui est porté par une portion non négligeable de la population. Or, un regain d’intérêt majeur sur le rôle de l’inflammation cérébrale dans la maladie d’Alzheimer semble apparaître. Notre projet se place donc dans cette dynamique en s’appuyant sur des résultats solides et des outils forts pour notre étude.
Par ailleurs, notre projet est prometteur car nous n’aborderons pas cette étude sous l’angle de la maladie d’Alzheimer comme une maladie du neurone exclusivement. Notre approche l’appréhende comme une maladie du système nerveux central dans son ensemble. Par conséquent, nous allons accorder beaucoup d’importance aux cellules gliales qui agissent notamment comme des cellules qui défendent notre cerveau.
Notre but est donc de démontrer que des perturbations de l’inflammation cérébrale peuvent être des évènements agissant sur le déclenchement de la maladie. Ainsi, les cellules gliales pourraient, à terme, devenir des cibles privilégiées pour contrôler l’inflammation cérébrale et prévenir ou retarder l’apparition de la maladie chez certains individus identifiés comme « à risque » pour des raisons génétiques. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi les subventions privées, comme celles allouées par Vaincre Alzheimer, sont essentielles pour vos travaux de recherche ?
Dr Nivet : « Aujourd’hui, les laboratoires et les groupes de recherche ne peuvent travailler et avoir des projets de recherche ambitieux que s’ils obtiennent des financements. En effet, les sommes récurrentes annuelles reversées par nos instances ne suffiraient même pas à couvrir 3 mois de travaux de recherche dans mon équipe.
Au niveau National, les solutions de financement reposent principalement sur des Fondations avec des subventions privées. Cela signifie que le quotidien de nombreux responsables d’équipes passe par la recherche de fonds. Le but est ainsi de permettre à leurs équipes de travailler sereinement et leur donner les moyens de leurs ambitions. De ce fait, l’obtention d’une subvention privée de la part d’une Fondation représente bien plus qu’une aide. En effet, c’est souvent, l’un de nos seuls moyens de pouvoir mettre en place des projets de recherche sur le moyen-long terme.
Si je prends l’exemple de la subvention que nous venons d’obtenir, elle me permet de poursuivre et développer un projet engagé il y a 3 ans. Je n’aurais pas pu continuer à travailler sans ce soutien de la part de la Fondation Vaincre Alzheimer.
De plus, elle va aussi nous permettre de financer des analyses qui n’auraient pas pu être réalisées sans cette subvention. Cette subvention nous offre ainsi la possibilité de poursuivre des efforts de recherche sur 2 années pour développer nos recherches.
Grâce à des subventions privées, nous pouvons donc subvenir à nos besoins quotidiens en terme de produits dédiés nécessaires à nos projets mais aussi en terme d’accès à des méthodes d’analyses couteuses, le tout pour essayer d’atteindre nos objectifs. En d’autres termes, une telle subvention est aujourd’hui indispensable pour maintenir mon équipe active et motivée. »