Des chercheurs mettent au point un test sanguin pour mesurer le taux de protéine bêta-amyloïde accumulé dans le cerveau
Belle avancée pour la recherche clinique en 2018 ! Grâce à une collaboration entre des chercheurs japonais et australiens, un test sanguin sensible et reproductible a été mis au point pour mesurer le taux de protéine bêta-amyloïde* dans le plasma et pouvoir prédire une accumulation de bêta-amyloïde dans le cerveau avec une précision à 90%.
En effet, depuis longtemps, les scientifiques aspirent à développer un test sanguin qui pourrait prédire le taux de protéine bêta-amyloïde accumulé dans le cerveau.
« Le but est, par une simple prise de sang, de pouvoir prédire la quantité de protéine bêta-amyloïde concentrée dans le cerveau, dont l’accumulation est impliquée dans la maladie d’Alzheimer » explique le Dr Maï Panchal, Directrice scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer.
Résultats frappants pour cette collaboration avec le prix Nobel de Chimie
C’est en collaboration avec le japonais Koichi Tanaka, prix Nobel de Chimie en 2002, que les chercheurs ont pu perfectionner leurs méthodes d’identification de masses des protéines bêta-amyloïde à partir du plasma humain. Ce test a fonctionné dans 2 cohortes de patients indépendantes (japonaises et australiennes).
Ces cohortes étaient constituées de personnes cognitivement saines, de personnes souffrant de troubles cognitifs légers et d’autres souffrant d’une maladie d’Alzheimer. Les résultats sont frappants ! Les chercheurs ont en effet trouvé une diminution significative de protéines bêta-amyloïde dans le sang des personnes positives au PET amyloïde, par rapport à celles qui n’avait pas de dépôts amyloïdes cérébraux. En effet, si la protéine bêta-amyloïde diminue dans le sang, c’est qu’elle est drainée vers le cerveau pour s’y agréger.
Les chercheurs ont ainsi pu comparer la fiabilité de leur test avec l’imagerie cérébrale PET amyloïde, qui permet de visualiser les dépôts amyloïdes cérébraux par scanner.
Une découverte prometteuse
Pour le Dr Maï Panchal, il s’agit de résultats très prometteurs. « De nombreuses tentatives au cours des années précédentes ont échouées, car personne n’avait été capable de surmonter le défi technique de quantifier avec précision des protéines bêta-amyloïde connues pour être présentes à des concentrations infimes dans un mélange de milliers d’autres molécules » explique-t-elle.
La Directrice scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer se félicite donc de la mise au point de ce test sanguin qui pourrait réduire considérablement les coûts dus aux scanners PET amyloïde utilisés chez les personnes volontaires souhaitant entrer dans un essai clinique. « Cela permettrait d’accélérer leur recrutement et de faire avancer la recherche plus rapidement. » précise-t-elle.
Néanmoins, il est nécessaire, de rester prudent car « ce nouveau test nécessite une validation en le répliquant et en l’optimisant dans différentes populations ». Il faudra également comparer cette technique aux autres méthodes développées en recherche pour doser la protéine bêta-amyloïde dans le sang.
Un test sanguin certes, mais pas une méthode de diagnostic
Ce test sanguin ne permet pourtant pas de poser le diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Contrairement à la ponction lombaire qui permet de mesurer les 2 biomarqueurs spécifiques de la maladie d’Alzheimer dans le liquide céphalo-rachidien (LCR): la protéine bêta-amyloïde et la protéine tau, le test sanguin ne permet pour le moment que de mesurer le taux du biomarqueur bêta-amyloïde, et non celui du biomarqueur Tau. « Or nous savons que c’est la présence de ces 2 protéines agrégées dans le cerveau qui font la signature de la maladie d’Alzheimer. » rappelle le Dr. Panchal.
*A noter
La maladie d’Alzheimer est caractérisée par deux lésions se formant dans le cerveau : les plaques amyloïdes et les dégénérescences neuro-fibrillaires.
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