Maisons des cultures : une initiative innovante pour mieux vivre avec la maladie
Une forme alternative d’habitat. C’est ce que Caroline Deligny explique lorsqu’elle parle de la Maison des cultures. Inclusif et innovant, cet environnement est adapté aux personnes fragilisées par la maladie d’Alzheimer. L’habitat partagé inclusif pourrait ainsi devenir une nouvelle solution pour aider les personnes malades à mieux vivre avec leur pathologie.
Rencontre avec Caroline Deligny, co-fondatrice et animatrice de la vie sociale de la Maison des Cultures, pour parler de cette initiative inédite en France.
Fondation Vaincre Alzheimer (FVA) : Qu’est-ce que la Maison des cultures ?
Caroline Deligny : Nous sommes une coopérative à but non lucratif. Nous avons pour objectif de développer des formes alternatives d’habitat pour les personnes fragiles, quelles que soient leurs fragilités. Nous avons également pour mission d’accompagner ces personnes au plus proche de leurs besoins.
FVA : Quelles sont les particularités de ce type d’habitat inclusif ? Comment fonctionnent-ils ?
Caroline Deligny : Tout d’abord, il faut comprendre que ce sont des projets très innovants. Notre Maison est l’un des tous premiers habitats en France à avoir ouvert ses portes. Nous sommes encore les seuls en Seine et Marne.
Ensuite, nos particularités sont plurielles. Notre habitat met particulièrement l’accent sur notre jardin qui fait partie d’un projet plus global d’accompagnement des personnes. En effet, ce jardin a été conçu comme un lieu de bien-être et de rencontres avec les familles.
Par ailleurs, notre approche de l’accompagnement est également relativement nouvelle. Nous nous appuyons sur l’approche Montessori pour faire participer le plus possible les personnes à la vie quotidienne, leur laisser de la liberté, de la dignité, et du choix dans leur rythme de vie qui doit leur correspondre.
Enfin, comme dans tous les habitats inclusifs, l’ancrage au niveau territorial est un axe très important de notre initiative. C’est-à-dire que nous tenons à travailler avec tous les acteurs locaux : mairie, bibliothèque, écoles … Le but est de faire partie intégrante de la vie du village et non d’être un acteur parallèle.
FVA : Concrètement, quel est le bénéfice de ce type d’initiative pour les personnes malades ?
Caroline Deligny : Nous le savons tous : il n’y a pas de remède contre la maladie. À ce jour, on ne peut pas l’arrêter. En revanche, on peut améliorer la qualité de vie des personnes malades grâce à un environnement adapté. C’est donc notre objectif. Nous souhaitons montrer qu’il est possible de continuer à bien vivre avec des troubles cognitifs si l’accompagnement prend en considération les besoins et l’évolution de la maladie au jour le jour. Par ailleurs, les personnes malades ont besoin de repères relationnels et temporo-spatiaux. Il faut donc des structures de petites tailles. Nous avons donc voulu proposer une alternative avec une structure familiale, une maison de vie à taille humaine. Aujourd’hui, la Maison représente 8 à 10 personnes de manière à faciliter les repères des malades.
C’est donc notre défi : montrer que l’on peut bien vivre malgré ses troubles cognitifs. La maladie continue bien évidemment d’évoluer mais les personnes malades ressentent du bien-être, elles se sentent chez elles et peuvent aller se promener librement.
FVA : Si nous devions résumer, quels sont vos objectifs principaux en mettant en place cet habitat inclusif ?
Caroline Deligny : Pour les malades, je dirais le bien-être, le fait de se sentir chez soi et d’avoir un accompagnement adapté le plus longtemps possible. Ensuite, pour les familles, l’objectif est qu’elles se sentent également chez leur proche, qu’elles puissent venir librement, participer aux activités et retrouver ce lien familial, et non pas ressentir le sentiment de fardeau en pensant à toutes les difficultés liées à la maladie.
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