Comment le COVID-19 affecte-t-il les malades Alzheimer ayant des troubles du comportement ?
Dr Vernaudon : » Dans notre unité, nous constatons chez les malades Alzheimer une altération franche de l’état général. En effet, nous voyons une grande fatigue, une perte d’appétit et une perte d’élan vital. Certains patients souffrent également de problèmes respiratoires et nécessitent de l’oxygène.
De manière générale, tous nécessitent plus de soins et plus de surveillance qu’habituellement. Notre équipe est plus nombreuse pour s’occuper de nos patients. Néanmoins, étant donné les vêtements de protection que portent nos personnels soignants, ils ne sont plus reconnaissables par les patients. Le personnel de santé doit effectivement se munir de masques, lunettes, charlottes et blouses pour la protection de tous.
Il est donc également plus difficile d’utiliser le langage corporel, les attitudes non verbales apaisantes, du fait de tout cet équipement. Sur le plan du comportement, nos patients atteints du Covid-19 sont anormalement calmes et cela nécessite que l’on revoie leurs traitements sédatifs à la baisse. Parfois, nous devons même les arrêter.
L’appétit et la prise de boisson sont à surveiller et à stimuler car il y a une grande perte d’appétit. Les patients sont plus souvent au lit qu’habituellement, avec des complications qui peuvent apparaître (escarres, perte de la mobilité). Il est difficile pour ces patients de remonter la pente. Cela prend plus de temps car ils sont déjà fragilisés par une maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée. «
Alzheimer et Covid-19 : une aide essentielle apportée par la formation DIU MA2
Dr Vernaudon : » La formation du DIU MA2 m’a permis de me poser plus de questions concernant l’éthique autour de la prise en charge de ces patients.
Par exemple, dans la situation actuelle : doit-on contenir ou utiliser des sédatifs pour protéger les autres patients de ces patients malades qui déambulent et donc qui peuvent contaminer les autres ? Comment protéger également les soignants du risque de contamination? Faut-il au contraire favoriser ces risques et laisser une déambulation possible?
Autre problème éthique : jusqu’où peut-on aller pour ces patients dans l’escalade des traitements pour cette infection par le Covid-19, de manière à leur rendre service dans les soins qu’on peut leur proposer ? Le maniement des traitements de psychotropes et de sédatifs est particulièrement difficile habituellement. Cela le devient donc encore plus dans une période d’infection où il faut jongler et adapter très précisément pour éviter les effets secondaires qui pourraient aggraver l’état de santé lié au Covid-19. Pour cela, les enseignements du DIU MA2 sont très précieux.
Enfin, le réseau qui a été tissé au fil des 2 ans de la formation permet des échanges d’expériences et d’avis très précieux entre les collègues, pour améliorer nos pratiques, et surtout dans cette période difficile. «
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