Développer un nouveau traitement pour la maladie d’Alzheimer grâce aux aptamères, est-ce possible ?
Financé par la Fondation Vaincre Alzheimer, le projet du Dr Fabrice Leclerc va permettre de concevoir des aptamères originaux dans le but de développer un nouveau traitement thérapeutique.
Grâce à une allocation doctorale Vaincre Alzheimer, le Dr Fabrice Leclerc va pouvoir engager un étudiant en thèse pour renforcer son équipe.
Résumé du projet de recherche
Les aptamères sont de courts fragments d’ARN qui ont la capacité de se fixer sur une molécule spécifique. Ils sont utilisés comme le sont aujourd’hui les anticorps. Ils ont un large éventail d’applications possibles : du diagnostic à la thérapie.
Un seul aptamère est actuellement disponible depuis 2004 comme médicament. Il s’agit de celui pour le traitement de la dégénérescence maculaire. La principale difficulté avec les aptamères est qu’ils ne sont parfois pas assez spécifiques vis-à-vis de la molécule cible. Ils ne s’y fixent donc pas de manière optimale.
L’équipe du Dr. Leclerc propose donc une stratégie de conception in silico d’aptamères modifiés pour optimiser leurs propriétés et augmenter leur probabilité de passer les essais cliniques. La cible initiale est la sécrétase BACE-1, une des enzymes qui intervient dans la production de la protéine bêta-amyloïde qui s’accumule dans le cerveau des malades d’Alzheimer.
L’objectif est de concevoir des aptamères améliorés, avec une application possible en diagnostic et traitement à d’autres cibles de la maladie d’Alzheimer.
L’avis du Président du comité scientifique et de ses membres
Il existe plusieurs exemples de réussites dans des traitements utilisant ces technologies d’ARN innovantes. En octobre 2019, la revue Science publiait un court rapport sur le traitement d’une enfant, de six ans, atteinte d’une maladie cérébrale mortelle, dont l’état a été stabilisé par un ARN, le « milasen » approuvé en janvier 2018 aux Etats-Unis.
Le Dr. Leclerc propose une stratégie novatrice de conception d’aptamères modifiés chimiquement afin d’améliorer la spécificité de ces molécules, de les rendre plus efficaces et de faciliter leur développement comme traitement et outils de diagnostic.
Son projet fait également intervenir des scientifiques cubains de l’Université de La Havane avec pour objectif de collaborer pour avancer plus rapidement et apporter une voie innovante dans le développement de tests pour le diagnostic et la conception d’une nouvelle famille de molécules actives pour le traitement de la maladie d’Alzheimer.
Le parcours du Dr Fabrice Leclerc
Chercheur au CNRS, le Dr. Leclerc est un biochimiste spécialiste en bioinformatique des ARN (l’ARN est une copie transitoire de l’ADN, correspondant à un ou plusieurs gènes) et docteur en biochimie de l’Université de Montréal (1997) en modélisation de la structure tridimentionnelle des ARN. Boursier du programme Human Frontier Science de 1998 à 2000, il a ensuite été chercheur post-doctorant à l’Université de Harvard et à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg où il a conçu des molécules contre des ARN cibles, sous la supervision de Martin Karplus (Prix Nobel de Chimie 2013).
Jusqu’en 2012, il a travaillé à l’Université de Nancy 1, sur la caractérisation des petits ARN guides de modifications. De 2012 à 2016, il est membre du Comité National du CNRS, puis jusqu’en 2019, il est membre du comité biologie de l’Institut Laue-Langevin de Grenoble. Actuellement chercheur à l’Institut de Biologie Intégrative de la Cellule (Univ. Paris-Saclay) en génomique et transcriptomique, ses récents projets concernent la conception d’aptamères originaux dirigés contre des cibles d’intérêts associés à la maladie d’Alzheimer.
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