Lancé en avril 2016, le projet de prévention européen EPAD a pour ambition de prévenir la démence avant l’apparition des symptômes
Il est maintenant admis que les lésions de la maladie d’Alzheimer, plaques amyloïdes et dégénérescences neurofibrillaires, commencent à se former dans le cerveau 15 à 20 ans avant l’apparition des premiers symptômes. Les chercheurs concentrent donc leurs efforts sur la phase pré-symptomatique pour trouver un moyen d’arrêter la maladie à ce stade et pour la prévenir ou du moins retarder l’apparition des symptômes.
Selon le Dr Panchal, « La difficulté à identifier les personnes qui sont susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer, notre mauvaise compréhension des premiers stades de la maladie d’Alzheimer, et un manque de flexibilité dans la façon dont les essais cliniques sont effectués sont aujourd’hui les plus grands défis auxquels nous devons faire face. »
Face à ces 3 défis majeurs, le projet EPAD (European Prevention of Alzheimer’s Dementia) a pour ambition d’apporter des solutions grâce à une recherche collaborative à travers l’Europe.
Le projet se base sur les registres nationaux et régionaux existants en Europe, de personnes à risque de développer la maladie d’Alzheimer pour créer un seul registre paneuropéen EPAD d’environ 24 000 personnes. Parmi celles-ci, les personnes jugées les plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer seront invités à rejoindre une cohorte EPAD pour prendre part aux essais cliniques «adaptatifs» de médicaments à un stade précoce afin de prévenir la maladie d’Alzheimer.
Les essais cliniques adaptatifs : une solution innovante et adaptée
« Contrairement aux essais cliniques traditionnels les essais cliniques adaptatifs vont permettre de comparer simultanément plusieurs médicaments et un placebo. D’habitude, la moitié des participants reçoivent un traitement et l’autre moitié le placebo. Cela va permettre à une plus grande proportion de patients de bénéficier d’un traitement potentiellement actif » indique la Directrice scientifique de l’association.
Un autre intérêt mérite d’être souligné, celui de l’adaptation de la conception de l’essai en réponse aux résultats émergents. « Par exemple, si un médicament candidat semble être particulièrement efficace dans un certain groupe de personnes, alors il peut être donné préférentiellement à ces personnes afin de confirmer les résultats. De même, de nouveaux médicaments candidats peuvent être ajoutés à l’essai et les médicaments prouvés inefficaces peuvent être abandonnés. Autre point positif, les essais adaptatifs permettent aux chercheurs de tester à la fois les médicaments individuels et aussi les combinaisons de différents médicaments » précise le Dr Maï Panchal.
Cette conception d’essai clinique innovant a déjà prouvé son efficacité dans le domaine de la recherche sur le cancer du sein. En adoptant cette approche, le projet prévoit d’être en mesure d’identifier les médicaments inefficaces plus tôt dans le développement de médicaments et ainsi éviter les échecs dans les phases plus avancées des essais.
Ainsi, en identifiant une cohorte de patients à haut risque de développer la maladie d’Alzheimer par le biais d’un réseau paneuropéen, ces essais cliniques adaptatifs seront plus efficaces. Le succès d’un tel projet est désormais entre les mains des pays européens qui devront collaborer efficacement pour la mise en place d’une telle initiative.
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