Caféine : un effet positif sur la pathologie tau caractéristique d’Alzheimer ?
Dans le cadre d’un projet franco-allemand, l’équipe du Dr. David Blum, chercheur au centre de recherche Jean-Pierre Aubert de Lille, et l’équipe du Dr. Christa E. Müller de l’Université de Bonn en Allemagne, ont démontré pour la première fois l’effet bénéfique de la caféine dans un modèle expérimental de la pathologie tau de la maladie d’Alzheimer.
La protéine tau a un rôle très important dans la stabilisation du squelette des neurones. Dans la maladie d’Alzheimer, la protéine tau est chimiquement modifiée. On dit ainsi qu’elle est hyperphosphorylée. Elle devient alors défectueuse et se détache du squelette des neurones. De ce fait, le squelette du neurone n’est plus maintenu. Les neurones dégénèrent alors, et les connexions entre les neurones se perdent. La protéine tau défectueuse s’agrège dans le neurone. Elle constitue la lésion caractéristique de la maladie d’Alzheimer appelée « dégénérescence neurofibrillaire ».
Dans la maladie d’Alzheimer, ces dégénérescences neurofibrillaires se développent d’abord dans la région cérébrale de l’hippocampe. Or, cette dernière est essentielle à la mémoire et à l’apprentissage. Les dégénérescences neurofibrillaires se propagent au cours du temps à l’ensemble du cerveau. On sait que la progression de ces lésions correspond aux symptômes de la maladie. En effet, celle-ci débute par les troubles de la mémoire puis des troubles du langage, de reconnaissance et l’incapacité à exécuter des gestes. Or, il n’existe à l’heure actuelle aucun médicament capable d’arrêter ce processus de neurodégénérescence. Sur la base de ces observations, l’équipe du Dr. Blum et de ses collaborateurs allemands ont voulu évaluer un nouveau type de molécule, la caféine, en vue d’un futur traitement contre la maladie d’Alzheimer.
La café pour empêcher le développement des déficits de mémoire ?
La caféine est la substance psychoactive la plus consommée au monde. Jusqu’à présent, les études épidémiologiques ont montré que la consommation régulière de caféine prévient le déclin cognitif au cours du vieillissement. Par ailleurs, il réduirait le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Cependant, les effets de la caféine in vivo sur la pathologie tau – pathologie responsable des symptômes de la maladie d’Alzheimer – n’avaient jamais été montrés.
Les équipes du Dr. Blum et du Dr. Müller viennent de démontrer que la prise régulière de caféine réduit la protéine tau hyperphosphorylée dans la région de l’hippocampe chez les modèles expérimentaux. Elle empêcherait ainsi le développement des déficits de mémoire spatiale à un stade précoce. De plus, la consommation de caféine a réduit plusieurs marqueurs pro-inflammatoires. Selon ces recherches, elle exercerait également des effets bénéfiques sur le stress oxydatif cérébral.
Ce stimulant pourrait donc être considéré comme une future molécule thérapeutique pertinente pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. En effet, une consommation raisonnable de la caféine chez l’homme a peu d’effets secondaires. Il est donc envisageble de développer une molécule thérapeutique à base de caféine.
Un projet de recherche transfrontalier
Vaincre Alzheimer a financé ce projet de recherche à hauteur de 50 000 euros pour le chercheur français David Blum. Le Dr Müller a été, quant à elle, soutenue à hauteur de 30 000 euros par le partenaire associatif allemand de Vaincre Alzheimer, AFI.
Vaincre Alzheimer souligne la valeur ajoutée des projets de recherche transfrontaliers. En effet, la Fondation autorise des co-financements avec ses associations partenaires européennes et internationales. Faire travailler ensemble des équipes de chercheurs de différents pays, c’est démultiplier les compétences au service d’une recherche plus efficace. Cela permet d’augmenter les chances d’avancées et de découvertes sur la maladie d’Alzheimer.
Les résultats de cette recherche ont été publiés dans la revue internationale Neurobiology of Aging.
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